Un thème qui me fait marrer, quand on connaît notre époque:
« T’es important pour nous, le suicide n’est pas une option ».
On a deux idées reçues bien ancrées au sujet du suicide.
Que ça peut se prévenir et que c’est lié à un problème donné. Rien de plus faux.
Parlons de métro, la STM cache toujours au public les statistiques, sous prétexte que ça pourrait donner le goût à d’autres d’imiter ces malheureux. Comme quoi ça passe dans la tête de bien des gens. C’est que ceux qui travaillent en psychologie confondent le suicide avec une dépression ultime. Un déprimé, lui, va crier son malheur sur les toits. On voit que ça ne tourne pas rond. Tandis que le suicidé classique va toujours surprendre son entourage au moment où il s’y attend le moins. Ce qui ajoute plus d’impact au geste.
Ce slogan « T’es important pour nous » est du pur angélisme new age. Nous sommes en ce moment confrontés dans nos civilisations technos aux pires manifestations d’individualisme. Les gens sont rivés sur leur IPhone et ne vous voient pas. Alors imaginez pour quelqu’un qui est sensible et qui a le sentiment de ne plus être à sa place dans ce monde, ce n’est pas en regardant les autres agir comme ils le font que ça donnera le goût de continuer.
Si un être lucide en est rendu à avoir perdu toute forme d’aptitude à l’émerveillement, et que de surcroît n’a aucun amour dans sa vie, il va jongler intensément avec l’option d’en finir. Oui, n’en déplaise à l’organisme, c’est une option tout à fait valable.
Il y a des personnes qui se lèvent un bon matin en se disant que cette journée sera la dernière, qui planifie et consacre leurs existance a en finir sans jamais y parvenir, echec sur echec... Et pire que ça, alors qu’on débat du suicide assisté, de bonnes consciences voudraient t’interdire, au nom d’une morale à la con, que tu puisses décider de mettre fin toi-même à de l’acharnement thérapeutique. Déjà qu’on n’a pas choisi de vivre, laissez-leur au moins décider de leur départ. Moi cette semaine je rends hommage à tous ces gens qui ont décidé de disparaître de ce monde. C’est un peu triste car ces personnes étaient de belles ressources qui auraient sans doute apporté de belles contributions. Mais non, vous leur avez dit: « Tu es important pour nous ». Eux n’ont pas entendu, ni vu à quoi ça pouvait correspondre. Ils ont tiré leur révérence.
A toute ces personnes que je comprend plus que tout.